Les institutions financières sont la source principale de financement hypothécaire en vue d’acheter une propriété. La manière habituelle de procéder est de faire une demande d’hypothèque à l’institution financière qui, par la suite, analysera le dossier de la personne, candidate à un prêt, afin de savoir si elle est éligible pour obtenir un financement. La banque devra vérifier le revenu de la personne, ses actifs, et son historique de crédit pour être certaine d’accorder le prêt à une personne qui pourra par la suite faire régulièrement ses paiements.
Jusqu’à présent tout est dans l’ordre. Revenons dans le temps, juste pour comprendre un peu mieux la crise financière de 2007/2008 émanant d’abord des États-Unis. 3 facteurs modifieront les façons de procéder pour financer les contrats d’hypothèques, les voici:
- La valeur des maisons aux États-Unis était en constante augmentation
- Le gouvernement voulait faciliter l’accès aux maisons pour les personnes désirant être propriétaires
- Des firmes financières cherchaient à offrir des produits à moindre risque, avec de meilleurs taux que ceux qui étaient disponibles à cette période
Produits d’investissement disponibles
La demande était forte pour des produits sécuritaires offrant les meilleurs rendements. Les taux d’intérêt, étant bas depuis plusieurs années, n’étaient pas satisfaisants pour les fonds de pension et pour les investisseurs qui cherchaient à obtenir les meilleurs rendements mais avec un niveau de risque minime. C’est à ce moment que de nouveaux produits ont vu le jour: les obligations adossées à des actifs (collaterized debts obligations CDO en anglais). Malgré le nom complexe de ces produits, le concept de base était plutôt simple.
Régulièrement, une banque consent des prêts hypothécaires à des personnes qui se qualifient et qui cherchent à financer une nouvelle propriété. Par la suite, la banque reçoit les paiements de ces personnes remboursant leur prêt hypothécaire. Une partie de chaque versement est utilisée pour rembourser le montant emprunté, et le reste est de l’intérêt que la banque garde en tant que profit. Le fonctionnement d’une hypothèque est disponible en suivant ce lien.
Des firmes financières, notamment les banques d’investissement, ont eu l’idée de mettre en marché un produit basé sur les contrats d’hypothèque. Leur idée était d’acheter des hypothèques auprès de banques conventionnelles, et de les revendre à des investisseurs qui désiraient avoir un rendement supplémentaire. Voici un exemple:
La Banque ABC fait un prêt hypothécaire de 200 000$ à une personne pour qu’elle s’achète une maison. Cette banque recevra donc des paiements de ce propriétaire pour rembourser le montant emprunté de 200 000$ en plus de recevoir de l’intérêt. Une banque d’investissement s’intéressant à cette opération, propose à la banque conventionnelle de lui vendre l’hypothèque de ce dernier client pour 220 000$. La Banque ABC accepte car elle se fait un profit de 20 000$, sans être obligée de faire le travail pour collecter les paiements et les intérêts. Les banques d’investissement ont ainsi acheté des milliers d’hypothèques de cette façon.
La firme financière crée ensuite un produit en regroupant des milliers de contrats d’hypothèque, un peu comme un fonds commun de placement privé. Un investisseur peut acheter une part dans ce produit, et en retour il recevra un rendement qui va provenir du paiement des emprunteurs. Ce rendement est supérieur aux autres produits à moindre risque sur le marché. De plus, investir dans les hypothèques était presque garanti car:
- Les prêts hypothécaires étaient seulement consentis aux personne qui se qualifiaient
- Ce produit financier qui contenait des milliers d’hypothèques, comportait un risque de non-paiement plutôt bas car même si une hypothèque, dans le lot, faisait défaut, les autres compenseraient pour cette perte
- Dans le pire des cas, si une hypothèque n’était pas remboursée, la banque ou la firme financière pouvait saisir la maison et vu que les prix sont constamment en hausse pour les propriétés, elle pourrait la revendre avec un prix satisfaisant et ne rien perdre
Ces produits regroupés devenaient de plus en plus populaires, surtout auprès des investisseurs qui recherchaient des produits « prudents ». Ceux-ci étaient mêmes cotés AAA (niveau le plus sécuritaire) par les agences de notation de crédit qui sont en charge d’analyser le niveau de risque des produits financiers. Cette cote très élevée a permis aux entreprises et aux fonds de pension d’y investir alors qu’auparavant ils étaient limités à des produits gouvernementaux qui offraient des taux assez bas.
Plusieurs fondations et plusieurs grandes institutions financières appliquent des critères minimaux pour leurs investissements. Par exemple, elles ne peuvent pas investir dans un produit marqué d’une cote de crédit trop basse. Donc l’arrivée sur le marché de ces produits étiquetés à faible risque, mais offrant un rendement plus élevé, était la meilleure des nouvelles.
Élément déclencheur
Les banques conventionnelles ont ainsi entrepris de vendre leurs contrats d’hypothèques à ces banques d’investissement, de plus en plus vite, car le produit était en forte demande. Pour fournir à cette demande, les banques baissaient leurs exigences de qualifications. Elles acceptaient dorénavant les candidats aux prêts qui n’avaient que peu de revenu, et n’exigeaient aucun dépôt initial lors de l’achat d’une propriété. Il n’y avait aucun risque pour les banques car de toute façon, elles allaient vendre ces hypothèques à d’autres firmes financières et le risque de défaut serait transféré en même temps.
Les nouvelles hypothèques vendues aux firmes financières étaient donc plus risquées car les chances de non-paiement s’élevaient, dans de telles conditions de prêts. Parce que les banques vendaient des hypothèques en lot, les agences de cotation maintenaient leur cote de crédit élevée pour ces produits, affirmant que même si ces hypothèques étaient plus risquées, vu qu’il y en a plusieurs, le risque était quand même très faible que le lot au complet fasse défaut.
Ainsi les banques offraient des hypothèques de plus en plus facilement en abaissant leurs critères d’acceptation, ce qui augmentait la demande pour les achats de maisons. En conséquence, les prix des maisons augmentaient rapidement.. Voyant cela, les banques se sentaient en confiance d’offrir encore plus d’hypothèques, car même en cas de défaut des emprunteurs, elles pouvaient reprendre les maisons et en obtenir un bon prix de revente. Donc la perte financière, pour elles, serait minime.
Début de la chute
Les problèmes ont commencé lorsqu’un grand nombre de propriétaires étaient dans l’incapacité de faire leurs paiements hypothécaires mensuels. Ils ont donc perdu, un à un, leur maison. Et c’était maintenant au tour des banques d’en être propriétaires. Comme ce phénomène se reproduisait de plus en plus souvent, en s’accélérant, les banques se retrouvaient, à leur tour, avec des quantités de maisons dont il fallait qu’elles se départissent , si possible, en les vendant à profit. Lorsqu’il y a plusieurs maisons à vendre, le pouvoir passe du côté des acheteurs ayant pour conséquence la diminution du prix des maisons.
Une situation assez particulière est ainsi apparue. En effet, un propriétaire, en défaut de paiement, pouvait devoir une hypothèque de 200 000$ sur une maison qui n’en valait maintenant que 150 000$ après cette chute de prix. C’est, en toute logique, que ces malheureux propriétaires refusèrent de payer leur hypothèque et abandonnèrent leur maison. Plusieurs banques ne savaient plus comment se défaire de ses embarrassantes maisons à vendre, qui ne trouvaient plus de preneurs. Les prix des maisons étaient disons-le, tombés en chute libre.
L’impact sur les obligations adossées à des actifs a été également énorme. Ces produits, au niveau des rendements, dépendaient des paiements provenant des propriétaires payant régulièrement leurs hypothèques mensuelles. Puisqu’un grand nombre faisaient défaut et abandonnait leur maison, il n’y avait aucun revenu pour les investisseurs ayant acheté ce nouveau produit financier. Leur investissement perdait donc rapidement de la valeur alors qu’il était supposé être parmi les plus « prudents » offerts sur les marchés financiers.
Les agences de notation, qui avaient le mandat d’analyser les produits et de déterminer leur risque, ont toujours maintenu que ces derniers étaient sécuritaires. Et, c’est en se fiant à cette recommandation que les organismes, qui avaient une tolérance basse au risque, en avaient achetés. On peut aussi constater qu’en considérant la nouveauté et le grand engouement pour ces nouveaux produits à meilleur rendement combinés à la complexité de leur construction, les agences de notation n’ont pas été capables de détecter le danger imminent de la chute financière qui se pointait assurément à l’horizon.
Conclusion
Les banques et les firmes d’investissement ont tellement subi de pertes dans cette aventure qu’elles ont dû faire appel au gouvernement américain afin d’éviter une plus grande catastrophe financière encore. Ainsi, par exemple, la firme américaine Goldman Sachs a reçu une aide de 10 000 000 000$. Il y a aussi eu plusieurs autres banques victimes dans cette crise financière. La banque d’investissement Lehman Brothers est tombée sous la pression des créanciers, une autre banque, Bear Sterns a été achetée par la banque JP Morgan Chase et finalement, la banque d’investissement Merrill Lynch a été achetée par Bank of America. Plusieurs années après cette crise, nous pouvons encore affirmer que ces effets sont toujours ressentis par les marchés financiers.
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