Plusieurs pays dépendent fortement du revenu que l’exportation de pétrole leur amène. De ce fait, même une petite baisse du coût du pétrole peut avoir un très grand effet sur leurs capacités financières. En 1960, l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) a été créée. Aujourd’hui, cette organisation compte 12 membres :
Pays membre de l’OPEP | % production mondiale | Rang mondiale pour la production |
Arabie Saoudite | 12,5% | 2 |
Émirats Arabes Unis | 3,7% | 6 |
Iran | 3,6% | 7 |
Iraq | 3,6% | 8 |
Koweït | 3,0% | 11 |
Venezuela | 2,9% | 12 |
Nigeria | 2,6% | 13 |
Qatar | 2,2% | 14 |
Angola | 1,9% | 16 |
Algérie | 1,8% | 17 |
Équateur | 0,6% | 28 |
Libye | 0,6% | 29 |
TOTAL : 39% |
Source : http://www.eia.gov/beta/international/ Pour année 2014
Ces membres se rencontrent quelques fois par année à leur siège social à Vienne en Autriche où ils tentent de s’entendre pour établir des politiques sur la production pétrolière.
Leur objectif premier est de stabiliser les prix du pétrole à la hausse, afin de créer une sécurité de revenu pour les membres de l’OPEP qui comptent sur le pétrole comme source principale de revenu. Même des fluctuations élevées du baril de pétrole ne seraient pas bénéfiques pour ces pays car le gouvernement ne pourra pas établir des politiques claires pour gérer le pays sans avoir une idée du revenu que l’exportation du pétrole lui procurera.
Dans le tableau précédent, il est possible de voir que ces 12 membres contrôlent environ 40% de la production mondiale de pétrole. Ce pourcentage a déjà été de l’ordre de 70%, mais l’émergence des États-Unis, du Canada, de la Chine et du Mexique ont diversifié l’offre du pétrole. Les États-Unis prennent de plus en plus de place sur le plan de la production mondiale, et en conséquence, leurs besoins en importations pétrolières ont baissé de 50% ces dernières années. Les membres de l’OPEP possèdent néanmoins presque 80% des réserves mondiales de pétrole, ce qui leur permet de garder un pouvoir sur l’offre.
1973 – Embargo des États-Unis
Un événement significatif vient dramatiquement changer la balance du pouvoir en 1973. L’Egypte et la Syrie ont lancé une opération militaire contre l’Israël, et les États-Unis sont venus supporter l’Israël en leur fournissant des armes.
Plusieurs pays étaient fortement contre l’implication des États-Unis dans ce conflit. Certains pays se sont regroupés (Égypte, Tunisie, Syrie, Arabie Saoudite, Koweït, Libye, Émirats Arabes Unis, Algérie, Qatar) et ont refusé de vendre du pétrole aux États-Unis, créant un embargo. Ceci a fait monter les prix en flèche car l’offre de pétrole a été grandement diminuée, forçant les commerçants à établir des limites d’achat d’essence par personne aux États-Unis et créant des files d’attente dans les stations de gaz qui sont demeurées encore ouvertes.
Cependant, plusieurs compagnies pétrolières américaines avaient une grosse réserve de pétrole accumulée, et en ont profité pour vendre ces réserves à prix élevé. Certaines de ces entreprises ont doublé leurs revenus cette année-là. Ceci a permis le développement de puits pétroliers par les exploitants américains dans des pays auparavant sous-exploités, comme le Mexique, et ces pays sont maintenant des producteurs importants de pétrole. Cette émergence des nouveaux pays producteurs vient gruger la part de marché des membres de l’OPEP. Plusieurs experts croient que cet embargo a été l’élément déclencheur de la perte graduelle de pouvoir de l’OPEP.
Système de quota
Les membres de l’OPEP doivent payer un frais avoisinant 2 000 000$ par année afin de rester membre de l’organisation. Chaque membre paie le même montant, peu importe sa production pétrolière. En contrepartie, chaque membre a également un vote autour de la table des négociations, afin que tout soit équitable. Plusieurs pays se sont retirés de l’OPEP suite à ces frais, comme le Gabon et l’Équateur par exemple. Par contre, ce dernier est redevenu membre quelques années suivant sa sortie du groupe.
Historiquement, l’OPEP assignait un quota de production à chaque pays membre, et ce quota était en fonction des réserves pétrolières. Par exemple, un pays qui contient une réserve importante de pétrole comme l’Arabie Saoudite a le droit de produire plus de pétrole qu’un pays comme l’Algérie qui possède des réserves moins importantes. Par contre, ceci a amené des pays a réviser à la hausse les données sur leurs réserves de pétrole afin de produire davantage et obtenir plus de revenu provenant de l’exportation.
Enjeux politiques
Malgré les objectifs communs de l’OPEP quant à garder un prix du baril de pétrole élevé, plusieurs pays membres produisent plus que les quotas annoncés afin d’obtenir plus de revenu. L’Arabie Saoudite est un exemple de cette situation. Il peut avoir une confrontation politique importante suite aux non-respect des normes. L’Arabie Saoudite a les coûts de production pétrolière les plus bas au monde, et ce pays utilise cela à son avantage. Plusieurs analystes croient que cette stratégie a pour but de nuire aux États-Unis qui sont devenus les premiers producteurs au monde. Les coûts d’exploitation aux États-Unis sont beaucoup plus élevés, et donc la baisse du baril de pétrole rend beaucoup de projets d’extraction non-rentables. En conséquence, il y aura donc moins de production américaine, ce qui permettra à l’Arabie Saoudite de regagner des parts de marchés.
De l’autre côté, plusieurs analystes géopolitiques pensent plutôt que cette surproduction est dans le but d’affaiblir l’économie de la Russie, un autre producteur important de pétrole, car l’Arabie Saoudite et les États-Unis ont été des alliés stratégiques au cours des dernières décennies. Ces théories multiples démontrent comment le pétrole peut être utilisé en tant qu’outil politique.
Cependant, cette baisse des prix nuit à plusieurs pays comme le Venezuela et l’Algérie qui tentent de convaincre l’Arabie Saoudite, leur partenaire membre de l’OPEP, de ralentir sa production. Ce manque de cohésion, même à l’intérieur de l’OPEP, est un exemple parmi tant d’autres sur le centralité du pétrole dans la société industrielle.
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