La production pétrolière est en pleine croissance en Alberta depuis plusieurs années. Cependant, tout comme aux États-Unis, la production du pétrole au Canada se fait majoritairement dans la région des prairies, donc loin des voies maritimes. Ceci cause un problème au niveau du transport, car le transport par bateau est moins coûteux que le transport par camion ou par train.
La compagnie TransCanada, qui se spécialise en infrastructures reliées au secteur pétrolier, planifie construire un oléoduc d’une longueur de 4600km. Ce pipeline va transporter le pétrole à partir de sa source en Alberta, et va se rendre jusqu’aux raffineries situées dans l’Est du Canada, en passant par le Québec. Le débit de pétrole quotidien serait d’environ 1 100 000 barils de pétrole par jour.
Certaines installations existaient déjà pour le transport de gaz naturel et seraient adaptées au transport du pétrole, mais TransCanada va construire la partie du pipeline qui commence à Cornwall en Ontario jusqu’à Saint John au Nouveau-Brunswick au complet. De plus, plusieurs stations de pompage doivent être construites, dont une dans la ville de Cacouna au Québec. TransCanada a été obligée d’abandonner l’idée de construire cette station car un rapport environnemental mentionnait que cette station pourrait causer des dommages éventuels aux bélugas présents dans le fleuve St-Laurent dans cette région.
Dès l’approbation du projet qui est en cours de débat, la construction débutera et selon l’échéancier de TransCanada, la mise en service complète est prévue pour 2018, quoique des retards sont à prévoir.
Un site internet a été créé afin de promouvoir ce projet et fait l’énumération des avantages que le pipeline pourrait apporter au Canada :
http://www.oleoducenergieest.com/
Distribuer le pétrole au Canada et exporter l’excédent
Le premier avantage abordé est l’argument que ce pipeline réduira la dépendance du Canada face au pétrole étranger. Le Canada possède une très grande réserve de pétrole mais vu qu’il n’y a pas d’infrastructures suffisantes en place actuellement pour distribuer ce pétrole partout au Canada, il est moins coûteux d’importer le pétrole de l’étranger que d’utiliser les réserves canadiennes pour s’auto-suffire. Ce problème est visible majoritairement dans l’Est du Canada où habite la majorité de la population canadienne. Selon TransCanada, environ 86% du pétrole consommé au Canada provient de l’étranger.
De plus, vu le débit important du pipeline, il restera du pétrole que les raffineries de l’Est du Canada pourront charger sur des navires pétroliers et exporter vers l’extérieur. Cette exportation amènera des revenus additionnels pour le Canada.
Emplois et retombés économiques
La firme Deloitte a eu le mandat d’analyser l’impact sur les emplois et sur les retombés économiques de ce nouveau pipeline potentiel. Ce rapport peut être consulté en intégralité en suivant ce lien :
Le coût de ce projet est estimé à environ 11 300 000 000$. La construction va aussi engendrer la création de 13 000 emplois temporaires, et par la suite la phase d’exploitation va employer environ 900 personnes à temps plein.
Quoique les retombés économiques soient très difficiles à calculer de façon précise, le coût total du projet amènera des recettes fiscales importantes pour le gouvernement, car les personnes embauchées vont gagner un revenu, et l’impôt sera pris sur ce revenu. De plus, les emplois seront en région, et donc ce salaire du travailleur va contribuer à faire développer la région sur le plan économique. Ce salaire obtenu sera dépensé dans des entreprises locales qui pourront ensuite croître à leur tour. Aussi, les dépenses continueront même après la construction du pipeline car chaque année il y aura de nombreux frais d’entretien du pipeline comme les assurances et les impôts fonciers pour ne citer que quelques exemples.
Le produit intérieur brut du Canada sera aussi plus élevé, et c’est cet indicateur économique qui est utilisé comme indice de référence pour illustrer le niveau de vie d’un pays. Ceci améliorerait grandement la situation des provinces de l’Atlantique surtout, car leur raffineries pourront être alimentées par du pétrole à bas coûts, et donc elles seraient plus compétitives.
Sécurité de ce projet
Sans ce pipeline, le pétrole d’Alberta est acheminé aux autres provinces par train et par camion. Le pipeline se voit comme une alternative plus prudente, surtout avec les dangers témoignés lors de la catastrophe du Lac-Mégantic. Cependant, la technologie du transport par pipeline n’est pas parfaite, et dans le passé il y a plusieurs incidents où un pipeline a eu des fuites ou même des explosions.
Opposition à ce projet
Ceux qui opposent le projet croient que la vrai raison du pipeline est de permettre le transport du pétrole vers l’Est du Canada afin de l’exporter en entier, pour récolter des profits encore plus importants. TransCanada utiliserait le territoire des provinces canadiennes seulement comme un point de passage.
Le premier argument vient contredire la statistique avancée par TransCanada qui mentionne que 86% du pétrole utilisé au Canada provient de l’étranger. Cette donnée est contestée, au point que le groupe environnemental Green Peace a créé un rapport démontrant la fausseté de cette affirmation. Ce rapport mentionne que seulement 14% du pétrole utilisé au Canada est importé des pays où le coût est plus cher (Arabie Saoudite, Algérie, Nigeria, Venezuela). Ces importations sont en effet problématique car le coût est plus cher, mais cela compte pour seulement 14% du pétrole utilisé, alors vaut-il la peine de construire un pipeline et courir le risque de déversements ou de fuites? Green Peace mentionne également qu’il est vrai qu’une grosse partie du pétrole consommé dans l’Est du Canada vient des États-Unis, quoique ce pétrole est bon marché et de bonne qualité. Il n’y aurait donc pas de raison valable de construire un pipeline car les États-Unis sont un bon partenaire d’affaires.
L’argument de la distribution en pétrole aux provinces de l’Est est aussi remis en question dans ce même rapport. Le pipeline acheminera du pétrole vers 4 raffineries seulement :
- Raffinerie Suncor à Montréal, Québec
- Raffinerie Valero à Lévis, Québec
- Raffinerie Irving Oil à Saint-John Nouveau-Brunswick
- Raffinerie Imperial Oil à Sarnia, Ontario
Il y aura donc plusieurs raffineries qui ne seront pas approvisionnées, et qui n’auront pas d’autre choix que de continuer d’acheter du pétrole provenant des États-Unis.
Aussi, la compagnie Enbridge avait déjà entamé un projet semblable pour améliorer le transport du pétrole de l’Alberta vers les provinces de l’Est. Le pipeline de TransCanada, qui veut atteindre les mêmes objectifs, n’est donc plus nécessaire selon Green Peace. D’après leurs calculs, 90% du pétrole acheminé sera pour l’exportation.
Il y a aussi l’aspect environnemental qui est remis en cause. Un pipeline, en cas de bris ou rupture, peut causer un déversement important ce qui causerait des dommages critiques à l’écosystème des régions avoisinantes. Un désastre écologique pourrait mettre en péril l’économie entière de la région touchée. Les risques de ce pipeline ne vaut donc pas les récompenses apportées par la création de ce projet oléoduc selon les opposants de TransCanada.
Lutte politique entre les gouvernements
Plusieurs analystes croient aussi que le gouvernement fédéral tente de limiter la participation du public aux débats pour faciliter l’approbation de ce projet d’oléoduc. L’Office Nationale de l’Energie, un organisme indépendant mandaté par le gouvernement fédéral gère l’approbation du projet. Cependant, leur impartialité est doutée car le premier ministre canadien possède un pouvoir exécutif sur cette organisation.
Le débat publique va continuer avec des consultations publics auprès des citoyens lors des prochains mois, ainsi qu’avec les Premières Nations qui vont voir ce pipeline passer par leurs territoires.
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