Hydro-Québec, qui possède le monopole de la distribution d’électricité au Québec, possède trois objectifs concernant l’énergie éolienne selon ses documents :
- Poursuivre ses efforts dans la voie du développement durable
- Garantir un approvisionnement fiable, de qualité, à prix concurrentiel
- Devenir une référence en matière d’intégration de l’énergie éolienne à un grand réseau
L’énergie produite par le vent est en effet une énergie qui est considérée propre, contrairement par exemple au pétrole qui amène son lot de pollution avec son exploitation. L’énergie éolienne est aussi renouvelable, et donc cette source n’est pas épuisable contrairement au charbon ou au pétrole également.
Hydro-Québec maîtrise déjà la production hydroélectrique, mais désire développer son réseau éolien pour complémenter cette première source d’électricité. L’énergie éolienne provient des rotations des hélices qui tournent à l’aide de la force des vents. Ceci va activer un alternateur. Plus le vent est fort, plus la quantité d’énergie produite est importante.
Vitesse |
Niveau de production |
12km/h – 14km/h |
Minimum |
50km/h – 60km/h |
Pleine puissance |
Plus de 90km/h |
Trop élevé, production doit être suspendue |
Source : http://www.hydroquebec.com/comprendre/eolienne/
Problématique
Le débat sur l’énergie éolienne provient du fait qu’Hydro-Québec produit déjà assez d’électricité avec les moyens de production actuels, alors pourquoi développer un réseau d’énergie éolien assez dispendieux?
Hydro-Québec a annoncé que plus de la moitié de la nouvelle hausse annuelle des coûts d’électricité pour les citoyens provenait des coûts subis à la suite du développement de l’énergie éolienne. Cette affirmation a remis en cause le développement de ce réseau. Hydro-Québec affirme aussi que c’est le gouvernement qui l’encourage à développer le réseau éolien, et que si l’entreprise avait le choix, elle n’aurait jamais commencé ce projet.
Coût de l’électricité
Plusieurs des barrages hydro-électriques au Québec ont été construits il y a environ 40-50 ans alors leurs coûts ont déjà été amortis. Cependant, c’est la construction des infrastructures qui coûte cher, et c’est dans cette phase que se retrouve l’énergie éolienne.
L’énergie éolienne coûte 0,10$/kWh aux consommateurs, alors que l’énergie provenant des centrales hydroélectriques coûte 0,03/kWh. Il est donc logique de préférer l’hydro-électricité, mais le gouvernement provincial ordonne à Hydro-Québec de distribuer un certain minimum d’énergie éolienne également et de continuer son développement.
Cet excédent par kWh a couté 1,1 milliards de plus aux consommateurs québécois lors des 3 dernières années selon l’Union des consommateurs. Pourquoi le gouvernement provincial veut à tout prix développer l’énergie éolienne?
Le premier élément de réponse se retrouve dans le potentiel de création d’emplois. La construction et l’exploitation de l’énergie éolienne devrait créer 5000 emplois selon des estimations, principalement dans l’est du Québec. Les parcs éoliens seront développés dans des régions du Bas Saint-Laurent, de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, de l’Estrie, de la Montérégie et du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ce sont des régions qui traversent une période économique plus difficile. Ces emplois ont le potentiel de relancer l’économie régionale et améliorer le niveau de vie de leurs collectivités.
Ceux qui sont contre ce développement affirment que les citoyens québécois vont devoir vivre avec une augmentation importante des coûts d’électricité au cours des prochaines années afin de développer les régions, donc pour le bénéfice d’une minorité de la population québécoise. De plus, Hydro-Québec s’est engagé à acheter pour plus de 4 milliards de dollars d’énergie éolienne au cours des 25 prochaines années, alors cet investissement et ces coûts élevés ne sont pas temporaires.
Surproduction d’électricité
L’électricité est un bien qui ne peut pas être stocké. Le problème se situe donc au niveau de toutes les ententes qu’Hydro-Québec possède avec les fournisseurs d’electricité.
Des ententes d’achats sont créées car une firme qui construit des infrastructures veut être certaine qu’Hydro-Québec achètera son électricité et que son investissement sera rentable. L’électricité au Québec est autosuffisante, mais il y a tellement d’ententes d’achat déjà établies qu’Hydro-Québec achète plus d’électricité que les consommateurs demandent. Vu qu’Hydro-Québec ne peut pas stocker ces surplus, cette électricité est exportée pour une fraction du prix d’achat aux États-Unis.
Hydro-Québec se retrouve donc perdant financièrement, et n’a pas d’autres choix que d’augmenter le coût de l’électricité pour les consommateurs pour couvrir ces pertes. L’énergie éolienne est un parfait exemple d’une entente de plusieurs années qui n’est pas nécessaire pour les consommateurs, mais qui a été dicté par le gouvernement provincial, qui est aussi le propriétaire d’Hydro-Québec, une société d’État. L’objectif d’Hydro-Québec dans ce contexte n’est pas d’offrir le coût le moins cher possible aux consommateurs, mais bien de développer l’économie québécoise. Ceci est un exemple où la politique est intégrée dans une société d’État.
Arguments pour et contre l’énergie éolienne
L’énergie éolienne est généralement considérée comme étant une source d’énergie propre car cette industrie n’est pas très polluante. Ceci fait consensus au niveau des experts. Cependant, la majorité de l’énergie du Québec provent de l’hydroélectricité, une énergie également peu polluante et renouvable. Cet argument de recherche de nouvelle énergie propre est donc contesté par les analystes.
Parmi les raisons mentionnées pour appuyer le développement de l’énergie éolienne sont le développement régional et la création d’emplois. Cet argument aussi cause plusieurs réfutations. Le nombre d’emplois créés cités par les documents du projet est de 5000 emplois, par contre plusieurs affirment que la plupart de ces emplois seront temporaires, seulement pendant la phase de construction des infrastructures. Aussitôt la construction terminée, une autre étude affirme que c’est seulement 700 emplois qui seront dorénavant nécessaires. Ces investissements et cet achat d’électricité à perte semble un lourd coût à payer en contrepartie de la création de 700 emplois. En plus des 5000 emplois, des retombés économiques de 5 milliards ont été estimées, quoique les retombés économiques soient un concept assez difficile à estimer comme vu dans cet article.
Le gouvernement du Québec réplique que cette énergie excédentaire sera utilisée afin d’inciter des grandes entreprises à s’installer au Québec. Cette électricité sera vendue aux grandes entreprises à faibles coûts, ce qui serait un avantage concurrentiel pour le Québec lorsqu’une entreprise aura à décider la localisation de leur prochaine usine ou siège social. Une entreprise qui s’installe ici est en effet bénéfique pour la société; cette société paiera des impôts en plus d’offrir des emplois aux travailleurs québécois.
Cependant, le surplus d’electricité acheté cause déjà des dépenses importantes pour le gouvernement, même avant le développement de l’énergie éolienne. L’usine de cogénération de Bécancourt a été construite en 2006 par TransCanada à leurs frais, avec un coût de 500 millions de dollars. Hydro-Québec s’est entendu avec TransCanada pour un contrat de 20 ans, mais encore aujourd’hui, cette usine ne produit pas d’électricité car le Québec n’en a pas besoin. Selon l’entente prise avec TransCanada, Hydro-Québec doit quand même verser environ 200 millions de dollars par année à TransCanada car c’est cette entente qui a incité TransCanada à bâtir cette infrastructure.
Avec tout ce surplus d’électricité, beaucoup de groupes environnementaux ont été surpris lorsqu’Hydro-Québec a annoncé la construction d’un nouveau barrage hydroélectrique sur la rivière La Romaine. Ce barrage va coûter plusieurs milliards à construire, et va ajouter au surplus d’électricité de la province. Un documentaire appelé « Checher le courant » décrit les désavantages de ce nouveau barrage tant au niveau environnemental qu’économique. Ceci est donc un argument pour ceux en faveur de l’énergie éolienne, car Hydro-Québec ajoute elle-même à ses surplus d’énergie en développement des projets dont elle n’a pas besoin. L’hypothèse de corruption a aussi été soulevée pour expliquer l’autorisation de la construction de ce nouveau barrage.
En contrepartie, plusieurs pensent aussi que l’énergie éolienne pourrait être exportée aux États-Unis à meilleurs prix, et qu’Hydro-Québec pourrait même faire un profit avec cette exportation. Les États-Unis entreprennent un virage vert également, et selon certaines études, les américains seraient prêts à payer plus cher afin de recevoir de l’énergie éolienne du Québec, car ils considèrent que cette source d’énergie est plus propre que l’hydro-électricité. Cette stratégie commerciale n’a pas encore été développée par Hydro-Québec.
Ce développement de l’énergie éolienne est un sujet très populaire car il affecte tous les consommateurs d’électricité au Québec.
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