Le Brexit est le nom médiatique donné à la sortie volontaire du Royaume-Uni de l’Union Européenne (U.E.). Un référendum a eu lieu le 23 juin 2016 et le peuple britannique a choisi, avec 51,9% des votes, de quitter l’U.E. Le taux de participation lors de cette journée historique a dépassé 72%. Ceci est le deuxième référendum tenu sur ce même sujet, alors qu’en 1975, 67% ont voté contre.
Les conséquences de cette sortie ne sont pas encore connues, car la Grande-Bretagne est en effet le premier pays à quitter l’Union Européenne. Cette incertitude a amené beaucoup de volatilité sur les marchés financiers mondiaux. Cet article illustrera les motivations derrière ce référendum et les conséquences potentielles de cet événement.
Qu’est-ce que l’Union Européenne?
Il faut tout d’abord expliquer ce qu’est l’Union Européenne. L’idée est venue suite à la Deuxième Guerre Mondiale d’unifier le continent Européen. Avoir une convergence vers des buts communs allait assurer une certaine collaboration entre les pays membres. En créant une alliance, les pays membres de l’Union Européenne négocieraient en bloc au lieu de créer des ententes commerciales avec leurs partenaires de façon individuelle.
La Communauté Économique Européenne (CEE) a été créée en 1957 avec 6 pays membres, mais cette entente originale a été intégrée à l’Union Européenne qui a vue le jour en 1993. Ceci confirmait un virage plus politique à un mouvement qui était auparavant plutôt économique. Aujourd’hui, 28 pays sont membres de l’Union Européenne. En voici la liste :
Pays | Année d’adhésion à l’UE | Monnaie utilisée |
Allemagne | 1958 | Euro depuis 1999 |
Autriche | 1995 | Euro depuis 1999 |
Belgique | 1958 | Euro depuis 1999 |
Bulgarie | 2007 | Lev bulgare |
Chypre | 2004 | Euro depuis 2008 |
Croatie | 2013 | Kuna croate |
Danemark | 1973 | Couronne danoise |
Espagne | 1986 | Euro depuis 1999 |
Estonie | 2004 | Euro depuis 2011 |
Finlande | 1995 | Euro depuis 1999 |
France | 1958 | Euro depuis 1999 |
Grèce | 1981 | Euro depuis 2001 |
Hongrie | 2004 | Forint hongrois |
Irlande | 1973 | Euro depuis 1999 |
Italie | 1958 | Euro depuis 1999 |
Lettonie | 2004 | Euro depuis 2014 |
Lituanie | 2004 | Euro depuis 2015 |
Luxembourg | 1958 | Euro depuis 1999 |
Malte | 2004 | Euro depuis 2008 |
Pays-Bas | 1958 | Euro depuis 1999 |
Pologne | 2004 | Zloty polonais |
Portugal | 1986 | Euro depuis 1999 |
République Tchèque | 2004 | Couronne tchèque |
Roumanie | 2007 | Leu romain |
Royaume-Uni | 1973 | Livre sterling |
Slovaquie | 2004 | Euro depuis 2009 |
Slovénie | 2004 | Euro depuis 2007 |
Suède | 1995 | Couronne suédoise |
L’Union Européenne permet à ses pays membres de commercer librement entre eux, ainsi qu’à ses citoyens de se déplacer à travers les frontières de l’Union Européenne avec un seul passeport de la zone Euro.
En contrepartie de cet accord de libre-échange Européen et de l’abolition des frontières pour les citoyens, les pays membres doivent payer des frais à l’Union Européenne et respecter les lois et règlements établis à Bruxelles, le siège social de l’U.E.
Pourquoi le Royaume-Uni désire quitter l’Union Européenne?
Le Royaume-Uni a toujours été réticent à joindre l’Union Européenne et ne faisait pas parti des pays originaux à s’unir en 1958. C’est seulement en 1973 que le Royaume-Uni accepte enfin d’intégrer la Communauté Économique Européenne.
Le Royaume-Uni a plusieurs fois démontré son mécontentement face aux règles imposées par l’Union Européenne, de façon à avoir plusieurs des lois modifiées en sa faveur. Le Royaume-Uni possède une grande importance à l’intérieur de l’Union Européenne, ce qui lui a donc permis d’obtenir plusieurs dérogations ce qui a dramatiquement complexifié les contrats de libre-échange telles le refus d’accepter l’Euro en tant que monnaie officielle et le fait d’avoir conservé les volants à droite dans les voitures, par exemple.
Plusieurs gouvernements britanniques ce sont déjà publiquement prononcés en faveur de l’exclusion de l’Union Européenne, dont Margaret Thatcher qui, en 1988, a exprimé le souhait de reprendre du pouvoir décisionnel.
Plusieurs personnes trouvent aussi qu’il y a beaucoup trop de complications non-nécessaires et d’exceptions avec l’Union Européenne. Des pays comme San Marino, Monaco, Andorra et le Vatican utilisent tous la monnaie Euro sans être membre de l’Union Européenne, alors que plusieurs autres pays comme le Danemark et la Roumanie n’utilisent pas l’Euro malgré qu’ils fassent parti de l’Union Européenne. Tout ceci rend la situation très complexe.
Les complications vont encore plus loin, car d’autres pays comme la Norvège et le Liechtenstein ne font pas partis de l’Union Européenne, mais leurs citoyens peuvent aller librement dans les pays de l’U.E. et vice-versa, tout comme s’ils étaient des pays membres. En contrepartie de ces droits, ces pays paient des frais à l’U.E. mais n’ont aucun pouvoir sur l’élaboration des leurs lois. Toutes ces situations rendent la gestion encore plus difficile.
En plus, des territoires comme la Guadeloupe (France), la Martinique (France), les Îles Canaries (Espagne) et la Madère (Portugal) viennent encore une fois complexifier la situation, car les citoyens de ces lieux sont résidents de l’U.E., mais n’ont pas la même mobilité illimitée que les résidents du continent Européen.
Une autre source de conflit pour le Royaume-Uni concerne l’accord PTCI (Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement). Cet accord de libre-échange permet aux États-Unis de soumissionner pour plusieurs contrats à l’intérieur des frontières de l’Union Européenne, ce qui créé de la compétition pour les entreprises locales. L’accord PTCI permet également aux États-Unis d’importer des aliments génétiquement modifiés, ce qui ne plaît pas au Royaume-Uni.
Avec tous les attentats terroristes récents, la sécurité nationale est une préoccupation pour tous. La sécurité était au centre de la campagne pour une sortie de l’Union Européenne, car le Brexit enlèverait la mobilité entre les pays membres, et donc le Royaume-Uni pourrait resserrer le contrôle de ses frontières. Plusieurs croient que la campagne pour la sortie de l’U.E. était trop axée sur l’émotion et sur la crainte que l’immigration excessive puisse amener son lot de terrorisme. Il est vrai que le Royaume-Uni accueille beaucoup d’immigrants provenant des autres pays membres de l‘Union Européenne en quête de meilleures perspectives d’avenir, quoique plusieurs experts estiment que ceci est bénéfique pour l’économie britannique.
Il y a 5 pays qui sont en processus de joindre l’U.E.; la Macédoine, l’Albanie, le Montenegro, la Serbie et la Turquie. Une campagne a été faite au Royaume-Uni pour mettre l’emphase sur le fait que la Turquie est le pays voisin de la Syrie, quoique dans les faits, la Turquie est encore en phase embryonnaire dans sa candidature pour rejoindre l’U.E. et son intégration officielle pourrait encore prendre une décennie.
Les PME britanniques étaient aussi fortement en faveur de la sortie de l’U.E. Elles affirment que les règles dictées par Bruxelles sont trop contraignantes au niveau de l’affichage et des règles de distributions. Selon eux, le Royaume-Uni pourrait élaborer des règles plus simples qui favoriseraient davantage leur croissance.
Arguments utilisés afin de rester dans l’Union Européenne
Le camp du « remain » a avancé plusieurs arguments afin de convaincre les citoyens de demeurer à l’intérieur de l’Union Européenne.
Le premier est la facilité de commercer avec le reste de l’Europe en étant un pays membre. L’Union Européenne achète 44% des exportations britanniques et compte pour 53% de ses importations. C’est donc le premier partenaire commercial du Royaume-Uni. Ces accords de commerce vont donc devoir être renégociés et rien n’indique que ça sera aussi avantageux pour la Grande-Bretagne.
Les exportations vers l’U.E. comptent pour 13% du PIB britannique alors c’est crucial pour le Royaume-Uni de préserver cette demande pour ses produits. Par contre, l’Union Européenne possède le pouvoir de négociation à ce sujet car le Royaume-Uni compte pour seulement 3% de leurs exportations totales, alors selon ces données, l’U.E. possède l’avantage.
Le Royaume-Uni peut faire comme la Norvège, qui n’est membre de l’Union Européenne mais qui profite de la facilité d’accès au commerce européen. Par contre, la Norvège doit respecter les règles dictées par l’U.E. et elle doit aussi ouvrir ses frontières à tous ceux habitant dans les pays de l’Union Européenne. Elle doit aussi contribuer au budget de l’U.E., tout cela sans avoir un mot à dire au niveau de l’élaboration des nouvelles règles commerciales. Un accord spécial sera donc très complexe à obtenir.
Le Royaume-Uni est aussi membre d’une autre organisation qui favorise le libre-échange mondial, la World Trade Organization. Par contre, cet accord n’inclut pas les services, et les services comptent pour 78% de l’économie britannique alors cela ne va pas les aider à garder la situation économique intacte suite à sa sortie de l’U.E.
Un autre argument pour le statut quo est le fait qu’une Europe unie est plus forte au niveau de l’influence internationale. Les États-Unis ont déjà annoncé que le Royaume-Uni allait perdre son pouvoir de négociation s’il quittait l’U.E. L’union fait la force et la négociation en bloc offerte par l’Union Européenne est un atout de taille.
Répercussions suite au référendum des Britanniques
Les répercussions ne sont pas encore tout à fait connues, car ceci est un événement sans précédents. Les analystes croient qu’à court terme il y aura moins d’investissements étrangers au Royaume-Uni. Beaucoup d’incertitude entoure l’économie britannique en ce moment et cela découragerait les investisseurs. La conséquence de ceci sera un ralentissement économique qui pourrait mener à une récession.
Le futur de l’U.E. pourrait aussi être remis en cause car d’autres pays pourront être incités à quitter également. L’Union Européenne aurait donc avantage à rester ferme dans les négociations et démontrer que l’exclusion d’un pays de ne se fait pas facilement.
De plus, certains mentionnent aussi que la sortie du Royaume-Uni sera bénéfique à l’Union Européenne suite aux nombreuses confrontations des dernières années entre les deux entités. Plusieurs projets de l’U.E. tels les politiques communes d’immigration étaient ralentis par la non-collaboration du Royaume-Uni. L’U.E. pourrait aussi se concentrer davantage sur les façon de préserver une monnaie Euro forte à travers ses pays membres, objectif qui n’intéressait aucunement le Royaume-Uni.
L’article 50 du Traité de Lisbonne mentionne qu’une période de négociation de deux ans débutera lorsqu’un pays soumettra sa demande formelle pour quitter l’Union Européenne. Cette sortie volontaire ne se fera pas dans un avenir rapproché, car le Royaume-Uni n’a posé aucun geste officiel afin d’amorcer le processus. Il sera intéressant de suivre les prochaines étapes de cette histoire.